Utilisation et adaptation des nouvelles technologies

Écrit par David Sadigh, Ancien directeur d’une structure d’aide à domicile, consultant spécialisé dans le domaine médico-social et expert du domicile, David Sadigh est fondateur de la société Sadigh Group. Publié dans le Manifeste du Prendre Soin à Domicile aux Éditions LEH en février 2021.

Les questions de la formation des intervenants, de leur coordination, du financement des interventions, de l’existence de références théoriques et d’un cadre éthique pour guider l’action des professionnels sont essentielles afin d’envisager un système moderne, adapté et performant, concernant l’aide et les soins à domicile. La question de l’utilisation et de l’adaptation des nouvelles technologies conditionne, d’une certaine manière, cette réussite!

En effet, toute notion d’organisation, quel que soit le domaine concerné, renvoie nécessairement à la problématique des outils à utiliser. L’importance des nouvelles technologies dans le monde actuel, leur évolution rapide et leurs capacités en font de puissants instruments pour la mise en place de solutions efficaces.

À bien y réfléchir, ces technologies ne concernent d’ailleurs pas seulement le fonctionnement des services auxquels les personnes aidées et soignées à domicile ont accès, mais également les fonctionnalités qui pourraient être envisageables pour l’ensemble des acteurs gravitant en ce domaine.

Moyens de communication entre une personne fragilisée et ses proches, outils de contrôle de l’efficacité des prestations réalisées et de leur financement, domotique adaptée au domicile, outils de communication entre les intervenants et tous les professionnels, logiciels et applications, articulation des prestations, etc. La liste des solutions possibles, existantes et à inventer, pour améliorer la mise en œuvre de l’aide et des soins à domicile est interminable.

À l’heure où il est possible, en quelques clics et quelques minutes, de retrouver l’identité d’une personne vaguement connue des années auparavant, il semble invraisemblable que des performances de cet ordre ne soient pas mises au service du bon fonctionnement de notre système de santé à domicile.

Malheureusement, les technologies employées et considérées comme «modernes» dans le secteur sont trop souvent démodées, voire archaïques, et sans commune mesure avec les performances d’applications employées à des usages beaucoup plus triviaux. À titre d’exemple, la télégestion, qui reste aujourd’hui encore considérée comme un axe de modernisation pratique des services d’aide à domicile, mais dont certains services ne sont toujours pas dotés, s’appuie sur un brevet technologique daté de… 1992! De même, de nombreux logiciels de gestion et autres applications, servant à l’organisation des prestations et à la coordination des professionnels, s’appuient sur des technologies vieillissantes, depuis longtemps remplacées dans des domaines pourtant moins sensibles, et ils ne permettent pas d’intégrer des fonctionna-lités essentielles pour la qualité des services. En outre, ils ne répondent pas non plus à des normes et critères de qualité, qui seraient harmonisés et pensés spécifiquement pour la sphère de l’aide et du soin à domicile.

Pour garantir un niveau de prise en charge à domicile qui soit à la hauteur des besoins actuels, il apparaît donc indispensable, pour les professionnels, de s’interroger sur le type d’outils dont ils ont besoin et qu’ils seront conduits à utiliser, et, pour les pouvoirs publics, de proposer des orientations claires et des normes en matière de nouvelles technologies.