Coordination des intervenants

Écrit par David Sadigh, Ancien directeur d’une structure d’aide à domicile, consultant spécialisé dans le domaine médico-social et expert du domicile, David Sadigh est fondateur de la société Sadigh Group. Publié dans le Manifeste du Prendre Soin à Domicile aux Éditions LEH en février 2021.

La plupart du temps, une personne qui est accompagnée et/ou soignée à domicile aura affaire à plusieurs intervenants, soit que ceux-ci exercent des professions différentes (infirmière, aide-soignante et kinésithérapeute par exemple) ou simplement qu’ils se relaient pour intervenir (c’est souvent le cas des auxiliaires de vie).

Quel que soit le cas de figure, il est essentiel que ces interventions soient coordonnées. Cependant, cette notion de coordination est large et on ne saisit pas nécessairement, dans l’immédiat, comment elle doit se faire et comment elle se traduit concrètement pour l’intervenant et pour la personne aidée. Nous considérons que cette coordination, pour être efficace, se rapporte à deux aspects d’organisation essentiels: l’organisation logistique des interventions et leur organisation temporelle.

L’organisation logistique consiste en priorité en ce que les intervenants puissent s’accorder entre eux. Pour cela, chacun doit pouvoir identifier quelles sont les fonctions et activités des autres, et dans quelle mesure elles peuvent éventuellement compléter les leurs. Il est donc nécessaire, d’une part, que chaque intervenant ait connaissance des autres interventions qui ont lieu au domicile de la personne aidée dans le cadre de l’accompagnement ou du soin, d’autre part que ces différents intervenants puissent communiquer entre eux.

L’organisation temporelle, quant à elle, semble plus directement découler du bon sens: il s’agit essentiellement de prévoir que les intervenants se rendent au domicile à intervalles réguliers et, si possible, séparément, afin que la personne bénéficie du plus grand temps de présence possible. Cette séparation doit souffrir une exception lorsque la bonne exécution de la tâche requiert l’intervention simultanée de plusieurs professionnels. Ce peut être le cas pour certains actes techniques, on veillera alors, au contraire, à ce que ces intervenants puissent être présents au domicile au même moment.

Si la notion d’organisation temporelle semble plus simple, on comprend néanmoins que ces deux aspects d’organisation, temporelle et logistique, sont tous deux indispensables à une bonne synchronisation et doivent être complémentaires entre eux. Dans cette perspective, la coordination des interventions pose nécessairement la question des outils mis à la disposition des intervenants et des personnes en charge des plannings. Ce sont donc à la fois les moyens de communication et de planification qui doivent être pris en compte pour une organisation correcte des interventions.

Ainsi, la coordination renvoie à deux autres notions essentielles: d’une part les outils utilisés par les professionnels et plus particulièrement l’utilisation et l’adaptation des nouvelles technologies, d’autre part le devoir de discrétion ou de retenue des intervenants.

Ces deux notions renvoient dans tous les cas à la question du droit d’accès à des niveaux d’information différenciés selon les types d’intervenants concernés et leur niveau d’habilitation. En ce qui concerne la personne aidée ou soignée, elles renvoient également à la possibilité pour celle-ci de prendre connaissance de ce qui la concerne.

La notion de discrétion et le devoir de réserve sont donc des aspects corollaires et indissociables de cette possibilité, pour les intervenants, de se communiquer entre eux des informations.