Le respect de la personne et le droit à la dignité

Écrit par Noël Jean Enseignant-chercheur en droit et éthique à l’université de Bourgogne Franche-Comté et membre de divers comités d’éthique, cofondateur et président du CESAAD.

Il est très important de ne pas oublier que le malade est, et reste, une personne digne, quel que soit son état. Même protégé par une tutelle, une curatelle ou une sauvegarde de justice, jusqu’à son dernier souffle, l’homme ou la femme en soins est une personne qui doit être mise au courant par un médecin de son état et des suites probables, avec des mots qui ont du sens pour elle, et qu’ainsi elle puisse donner son avis après avoir entendu et compris toutes les informations à son sujet.

Même dans le coma, une personne entend et comprend, mais ne peut s’exprimer; il faut le garder toujours présent à l’esprit et ne jamais traiter l’autre comme un objet ni comme un être «qui n’a plus sa tête».La loi «Droit des patients» du 4mars 2002 précise les droits appartenant à la personne malade.Celle-ci possède:•un droit au respect de sa dignité (art. 1110-2 du CSP);

•un véritable droit d’accéder aux soins et de voir sa santé protégée, hors toute discrimination d’argent, d’origine, de couleur de peau, de religion, de préférence sexuelle, etc. (art L 1110-3 du CSP); la conséquence est le droit d’accéder aux soins les plus appropriés, aux thérapeutiques les plus efficaces (art L 1110-5 du CSP);

•le droit à une vie digne jusqu’à la mort (art L. 1110-5 du CSP);•le patient a le droit de choisir son médecin et l’établissement de santé où il entend se faire soigner et accéder à la continuité des soins (art L. 1110-8 du CSP).

Au-delà de la règle de droit, il est un principe: tout humain doit être reconnu dans sa dignité, celle-ci s’impose de la naissance à la mort et oblige à une attention plus grande, plus solidaire aux très fragiles.

Le respect de la personne humaine fonde toutes nos sociétés, nos religions, nos philosophies: désobéir à ce principe de respect, c’est déstabiliser notre organisation humaine. Selon le philosophe Paul Ricœur, il convient de considérer toute personne humaine comme «un autre soi-même».

Ma dignité prend naissance dans la dignité que je reconnais à l’autre.

Ainsi, la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 reconnaît «une dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine».