Écrit par Noël Jean Enseignant-chercheur en droit et éthique à l’université de Bourgogne Franche-Comté et membre de divers comités d’éthique, cofondateur et président du CESAAD
Louise a appris, au cours de ses formations, qu’il fallait faire preuve d’empathie envers les personnes qu’elle aurait à côtoyer lors de ses interventions à domicile. Elle est allée voir dans le dictionnaire: empathie: «faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent».La notion est apparemment simple: «On comprend bien, en fait, il s’agit d’une sorte de sympathie»; ce n’est pas faux, mais un peu plus compliqué à la réflexion. Toutefois, on a de façon quasi évidente l’intuition de ce qu’est l’empathie.
Être empathique, c’est certainement s’efforcer de se mettre à la place de l’autre, tenter de comprendre ses souffrances, ses frustrations, ses attentes, sans oublier cependant la dimension de l’altérité, de la différence, puisque je ne suis pas lui; ce n’est pas la contagion des émotions, mais la compréhension profonde du ressenti de l’autre.
L’empathie commence dès que l’on sonne et que l’on ouvre la porte; le faire en prenant son temps, et non comme une intrusion, pour que la personne puisse se préparer à votre entrée, se recouvrir, cacher une lettre, raccrocher le téléphone… en fait, il faut lui laisser le temps de se sentir disponible.
Se mettre à la place de l’autre, c’est laisser de côté ses propres soucis, ses états d’âme; c’est, dans ce lieu peut-être empli de tristesse et d’angoisse, entrer avec le sourire, comme un rayon de soleil, dire un mot gentil, écouter…
Être empathique, c’est comprendre sincèrement ce que la personne éprouve, c’est éviter les brusqueries, les maladresses, agir avec délicatesse, par exemple ne pas ouvrir en grand fenêtres et volets si la personne aime le demi-jour, c’est prévoir ce dont elle aura besoin dans les heures qui suivront et s’assurer que tout se trouve bien à sa portée; c’est respecter ses petites manies, dans la mesure où elles ne constituent pas un danger, même si elles vous semblent ridicules ou désuètes; c’est être dans le non-jugement et accepter l’autre tel Être empathique, c’est certainement s’efforcer de se mettre à la place de l’autre, tenter de comprendre ses souffrances, ses frustrations, ses attentes, sans oublier cependant la dimension de l’altérité, de la différence, puisque je ne suis pas lui; ce n’est pas la contagion des émotions, mais la compréhension profonde du ressenti de l’autre. Qu’il est, respectueusement et du fond du cœur. C’est aussi savoir se remettre en question si l’antipathie se fait jour.
L’empathie, c’est savoir présenter des excuses pour un comportement ou une parole qui ont été mal interprétés et ont pu blesser.
L’empathie doit être dirigée, bien évidemment, vers la personne, mais aussi vers les aidants, les proches et également les autres membres de l’équipe, en s’appliquant à comprendre leurs attitudes, leurs réactions, en parlant ensemble des comportements de la personne malade pour tenter de les expliquer et les accepter, en se souciant des signes avant-coureurs de conflits ou d’épuisement, et tout faire pour les éviter.
Poussant les choses à l’extrême, on peut dire que l’empathie doit s’adresser aussi à soi-même, on ne doit pas négliger sa propre douleur ou sa souffrance:un mal de dos, une réflexion vexante, un comportement brutal… Il faut savoir prendre sur soi, mais aussi prendre soin de soi, «crever l’abcès», s’expliquer avec la personne, ses proches ou le reste de l’équipe. Et, si la situation est grave et persiste, demander un entretien avec son référent et éventuellement solliciter une analyse éthique de la situation.L’empathie est l’une des clés de relations sereines lors des interventions à domicile.
L’empathie est l’une des clés de relations sereines lors des interventions à domicile.